Lire le Coran

Bonjour,

Le "mode d'emploi" de lecture et de compréhension du Coran est dans le Coran lui-même.

Ce qu'il ne faut pas faire:
- Lire le Coran de façon fragmentée, il faut le prendre comme un tout harmonieux et sans contradictions, chaque verset se comprend à la lecture de tout le Coran

- Traiter le Coran comme un talisman, un objet magique. Le Coran est destiné à être LU (ou écouté pour ceux qui ne savent pas lire), et rien d'autre à part ça

- Lire le Coran lorsqu'on a des problèmes psychologiques ou lorsqu'on a pas la maturité suffisante pour le comprendre. Le Coran s'adresse "aux personnes douées d'intelligence", donc pas à des enfants ou à des personnes souffrant (temporairement ou non) de déficiences mentales. Par contre, le Coran est universel et sa lecture ne doit pas être réservée aux seuls savants, toute personne douée d'intelligence a obligation de le lire

Ce qu'il faut faire:
- Il faut lire le Coran directement et ne recourir éventuellement à des interprétations qu'après l'avoir lu. Un musulman croit que le Coran est la parole de Dieu, par conséquent Dieu sera toujours plus éloquent que n'importe quel tafsir (interprétation) écrit par un humain.

- Il faut faire le silence en soi et être attentif, le lire lentement ("ne hâtes pas ta récitation" ) afin de pouvoir méditer ses versets et donc les comprendre ("lorsque le Coran est lu, écoutez le attentivement et faites le silence" )

- Il faut lier les versets les uns aux autres car c'est ainsi qu'ils prennent leur sens, mais ça rejoint ce que je disais sur l'interdiction de le lire de façon fragmentée

- Comprendre les causes de la Révélation. La Révélation (le Coran) est descendue sur une période de 23 ans. Il faut connaître le contexte historique et sociologique ayant causé la révélation des versets, et l'ordre de révélation des sourates. Recontextualiser le Coran ne s'oppose pas du tout au fait de croire en son universalité

- Comprendre qu'une partie du Coran est présentée sous la forme de symboles et d'allégories (l'exemple du moustique le confirme). Le Coran est écrit dans un style poétique, par conséquent toutes les lectures uniquement littérales sont des interprétations fausses

- Il faut méditer le Coran et pas l'interpréter, l'expliquer. L'interprétation et l'explication est déjà dans le Coran, et la méditation/réflexion est le moyen d'y accéder

Bonjour Jonas,
Je trouve que ta réflexion est logique et saine. Maintenant comment allier la polysémie typique de la langue arabe à la compréhension du coran ? souvent les littéralistes ont été pointé du doigt, quelle est la différence entre ta lecture et la leur ?

Bonjour Tala,

Je suis moi-même parfois très littéraliste sur une partie des versets. Par exemple, lorsque je m'oppose à l'interprétation dominante des versets de l'héritage en leur opposant la stricte lecture littérale disant exactement l'inverse.

Mais une autre partie des versets ne peut pas être simplement lue, elle doit être méditée afin de tenter d'accéder aux sens symboliques, métaphoriques, et parfois même ésotériques du Coran.

Il y a par exemple toute une symbolique des éléments dans le Coran qu'il est passionnant d'étudier. L'Homme, Adam, créé à la fois d'argile (la Terre) et animé par le souffle divin (l'Air).
Et cette métaphore du potier, Allah façonnant Adam de glaise avec ses "mains" (qu'il n'a pas évidemment et c'est bien la meilleure preuve qu'il s'agit d'une métaphore), cette construction lente évoque pour moi une confirmation de la théorie évolutionniste.

La polysémie de la langue arabe apporte une richesse supplémentaire au Coran (mais c'est le cas aussi de l'hébreu pour la Bible hébraïque). Ce que je reproche justement aux exégètes et traducteurs c'est de vouloir figer le sens des versets. Les tafsirs médiévaux sont censés être une Vérité unique et indépassable, mais ce n'est pas le cas. Je suis sûr que dans 1000 ans on fera encore de nouvelles découvertes en relisant le Coran.

Et puis il n'y a pas que de l'arabe dans le Coran. De nombreux mots sont empruntés à d'autres langues (hébreu, syriaque, latin...)
Pourquoi ? Dans quel but ? Surtout que des mots équivalents existent le plus souvent en langue arabe.
Par exemple, le mot "Mer" est tour à tour dit en arabe ou bien en hébreu dans d'autres versets. Pourquoi ? Y a-t-il une différence fondamentale des versets reprenant le mot hébreu avec les autres ? Je trouve que c'est un champ de recherche passionnant...

Hello vous 2!

Dites-moi, dans quelle langue lisez-vous le Coran?

Personnellement en arabe, je suis complétement bilingue.

Bonjour/Salam Tala, je suis d'accord sur certains points, et ceux des autres intervenants mais pas tous. M'expliquer sur cela, je me connais, risque de faire plusieurs paragraphes. Puisque dans chacun de vos affirmations, il y a un point qui me fait réagir (positivement mais en vue d'une explication);

Mais je vais me contenter de seulement exposer certains points, approximativement, du Sunnisme, puisque je suis musulman "sunnite". (qui est la même que celle prônée par le Prophète saw)

Par lire le Coran, je peux vouloir dire "lire la traduction française du Coran" (afin d'en saisir dans l'ensemble les sujets abordés). Oui, parcequ'un nouveau musulman ne connaissant pas l'arabe accès au Coran traduit, fr/arabe. Il voit donc de quoi le Coran traite.

Ou je peux signifier "lire = déchiffrer le Coran arabe", avec les règles de lecture : psalmodier le Coran.

Une écoute de cela a tendance a faire vibrer nos coeurs. Même quelquefois pour le non musulman. C'est en cela que le Coran est Divin. Car un chrétien sensible peut avoir les larmes aux yeux en entendant le Coran.


Le Sunnisme, en gros (je ne rentre pas dans les détails) : dit que le Coran est Divin, il ne s'agit pas du livre papier mais des versets.

Les hadiths du Prophète saw sont les explications, et il s'agit de la "Sunna" (Sunnisme). Les interprétations faites par les premiers musulmans sont aussi issues des enseignements du Prophète saw, "qui ne parle pas selon ses passions".

Donc, logiquement, il y a eu des imams, aux premières époques, spécialistes des textes qui ont repris ces enseignements ( = tafsir) = exégèses coraniques.
On ne peut donc pas interpréter le Coran sans se baser sur leurs explications (les plus claires, lorsque je prenais cela en référence).

Un littéraliste est justement celui qui ne se base pas sur les textes; un coraniste, celui qui dit qu'il ne se contente que du Coran. Alors que cela est faux puisque les prières sont décrites dans les hadiths.